Témoignage d’un intellectuel troyen, républicain et libre-penseur, observateur et acteur de la vie sociale et politique troyenne, française et internationale sous le Second Empire et les débuts de la Troisième République. Quand il décida en 1995 de faire don à la bibliothèque municipale de Troyes des lettres que son arrière-arrière-grand-père, Napoléon-Ambroise Cottet, avait envoyées à son fils émigré aux États-Unis au milieu du XIXe siècle, le citoyen américain Lloyd Wayne Gundy savait, pour avoir mené quelques recherches sur son histoire familiale, qu’elles constituaient un ensemble documentaire débordant largement le cadre des affaires privées. Son arrière-grand-père, Jules Léon Cottet, avait en effet décidé de partir rejoindre en 1854 la colonie utopique de Nauvoo (Illinois) fondée par Étienne Cabet, afin de fuir les persécutions réservées aux républicains, et, parmi eux, aux communistes icariens français, par l’usurpateur Napoléon III. Arrivé dans la colonie au moment où des dissensions internes commençaient à se faire jour – la colonie devait éclater définitivement au début de 1856 –, il la quitta au bout de quelque temps pour s’installer à Springfield (Illinois), une petite ville du Middle West alors en plein essor. Il y vécut avec sa famille la vie des immigrés de l’époque, au moment où les États-Unis connaissaient un développement économique à marche forcée qui devait conduire ce pays à devenir la première puissance économique mondiale en l’espace d’un demi-siècle – et ce en dépit d’une terrible guerre civile qui allait faire en quatre années plus d’un demi-million de morts. L’histoire de cette émigration réussie du fils est bien sûr très présente en creux dans la correspondance de son père ; c’est d’ailleurs là le premier intérêt de ces lettres.