L’esprit de simplicité requiert de philosopher simplement, le plus simplement possible, c’est-à-dire de toujours vouloir créer de nouveaux actes libres ouverts sur l’infini, sans se laisser enfermer dans le devenir contraint de sa propre finitude existentielle, mais en ayant conscience de se trouver, à chaque nouvel instant, au bord de l’infini (de la Nature ou du vide), ou au contact de l’infini (dans un acte créatif, libre ou vertueux). Dans mon dialogue avec certains philosophes, notamment avec Nietzsche, avec cet ange glacial et impitoyable, une perspective me manquait, celle raisonnable et chaleureuse de Socrate. Qui pourrait en effet se satisfaire d’une âme mourante ou éclatée ? Or, inspiré par une ardente volonté qui n’obscurcit pas la simplicité de ses commencements, l’acte de philosopher se veut libre, modéré et responsable. Ma recherche a pour cela rejoint la « simplicité volontaire » de Gandhi et quelques philosophes qui ont pensé le simple, par exemple Silesius (dans l’amour), Bergson (comme un plus), Jankélévitch (dans sa pureté), ou M. Conche (comme infini). Chaque pensée se réalise alors dans l’acte instantané où elle commence vraiment à naître pour soi, à partir de soi, afin de rencontrer l’autre et de créer de nouvelles libertés. Car, entre la simplicité du vide et celle d’une perfection (comme celle de la Nature naturante), il n’y a que les broutilles complexes et évanescentes du réel matériel. Et ces choses dérisoires ne devraient pas obscurcir la probable simplicité de chaque commencement.