Il s’agit d’un enfant de seize ans qui, au sortir de la guerre, fait le choix de rejoindre les dièleûx de sa famille, pour gagner sa vie. Il s’agit, pour moi, de restituer le témoignage de cet enfant-là, Raymond Trinaux, maître de fosse de 1946 à 1966 dans deux sites naninnois appartenant à la société Galet. Se colleter aux réalités du monde souterrain, c’est composer avec des dangers monstrueux : l’obscurité, le manque d’oxygène qui fait suffoquer pendant les efforts physiques intenses, la pression de la masse de terre plastique même contre les solides boisages, la mouvance des terrains fouillés et fouillés depuis des siècles, le sable à la force insidieuse mais implacable, le niveau hydrostatique qui impose de ruser pour trouver encore et encore les précieux argiles, le grisou possible, qui oblige à l’attention aiguë.Rudimentaires les outils, rudimentaires les techniques pour descendre dans le puits à cent mètres.Précaires les installations, et provisoires.
M’étant adressé en vain à plusieurs éditeurs parisiens (pour qui le manuscrit était en général « à revoir » ou parfois « n’entrait pas dans le cadre de leurs projets en cours », qui tergiversaient pour a...