Ce récit ne parlera pas ou peu de l’histoire avec un grand H mais contera l’épopée de trois anonymes ballottés dans le gigantesque tourbillon de la grande guerre de 14-18. Georges Duby parlait de « l’immense peine des gens » en décrivant le quotidien de ces sans-grades. Ces anonymes ont un nom, il s’agit de mes deux arrières grands pères paternels, Léonard Darras et Augustin Grossemy, et de mon grand père maternel, Hyppolite Viart. En écrivant leur nom, je pense à cette citation de Léonidas aux 300 lors de la bataille des Thermopyles : « Tant qu’on n’oubliera pas vos noms, vous vivrez encore » Les deux premiers ont traversé la première guerre du 3 août 1914, jour de leur mobilisation jusqu’en février 1919 où ils réintégrèrent leur foyer. Pour Hyppolite, plus jeune, la grande aventure, commença en novembre 1915 après les grands massacres des deux premières années. Depuis mon plus jeune âge, je voulais leur rendre hommage. J’y associe tous les poilus d’AGNY et d’ailleurs, morts sans trop savoir pourquoi, leur devoir étant tout simplement d’y aller. Tous forgés au moule d’une époque où on se posait peu de questions essentielles et encore moins de questions existentielles. La France de « 14-18 » était une société de commandement et d’obéissance, structurée et préparée à faire la guerre. Qui aujourd’hui, sortirait des tranchées pour se faire hacher menu par la mitraille? Comme le dit l’écrivain Eric Hazan en parlant de l’Histoire : « c’est dans le détail qu’on arrive à y comprendre quelque chose et non dans les grandes synthèses ». Je me suis juste essayé à imaginer au travers de récits ou d’anecdotes vécues ce qu’a pu être leur existence pendant le conflit. Je leur ai fait croiser quelques illustres personnages et d’autres moins illustres, rencontres entrant toujours dans le domaine du plausible. Tout comme leurs compagnons d’infortune, leur vie de poilus était restée identique à celle qu’ils menaient dans le civil : c’est à dire empreinte de beaucoup d’humilité, d’une grande simplicité et de beaucoup de camaraderie. Simplicité dans le verbe, dans le quotidien, dans l’action, dans la vaillance, dans l’inhabituel. Simplicité évidente pour eux, extraordinaire pour nous. Simplicité dans les actes qui en aucune façon ne pouvait masquer les sensations fortes à jamais gravées dans les mémoires telles la peur, l’angoisse, la rage, le désespoir, l’ennui, le cafard et la souffrance absolue de se sentir seul face à tant de malheur. Leur histoire, contée dans ce livre, est sans doute, pour eux, l’une des dernières stations avant l’oubli. C’étaient des hommes sages et droits dont je vais vous retracer le parcours au cours de ces quatre années maudites. De même que toutes les dates, la quasi totalité des noms de personnes, de lieux et de régiments sont rigoureusement exacts car pris dans les jmo (journal de marche opérationnel) de leurs unités respectives. (Des milliers de pages d’archives consultées sur Internet).
Le travail fourni est absolument remarquable à tous points de vue malgré ma demande « non conventionnelle » à partir de fichiers Word. Tout a été parfaitement réalisé selon ma demande avec une finition inpeccable.