_…. « La partie s’annonce musclée… Aya oublie ces prospectus et la grève. » Ainsi, à travers Moi, Aya, c’est la mort politique programmée de la femme que tu exprimes là, consciemment ou non. Quel autre sens donner à ces propos, sinon celui d’un désengagement exigé conduisant tout droit à l’éviction politique et à l’esseulement social de toute étudiante, donc de toute femme à l’avenir ?
_ Mais je ne suis pas contre la femme, au contraire !
_ Je m’attendais à celle-là. Tu n’es pas contre la femme, mais pour un féminisme à ton goût, un féminisme sectaire. Mais non, s’exclamerait sans doute monsieursexe- fort, la femme doit demeurer elle-même, la femelle doit s’occuper de sa féminité.
_ Je n’ai pas dit cela.
_ Alors pourquoi voudrais-tu que j’oublie les prospectus et la grève ? Voudrais-tu nous confiner, nous autres femmes africaines, dans un harem pour qu’entre femelles nous babillions, attendant le retour de nos braves héros oeuvrant pour notre salut. Non ! Non ! Mille fois non ! De tout mon être, je repousse cette honteuse place de spectatrice et d’éternelle aidée.
_ Douterais-tu de mes bonnes intentions ?
_ Ne dit-on pas que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ! Nous femmes africaines, nous n’avons aucune gratitude, ni affection pour les sexistes fanatiques. L’ère des sentiments de solidarité de pensées, de culture et d’intérêts nous unissant pour notre malheur, à nous autres femmes, est terminée, morte.