L’Azrou, le beau navire blanc de la Compagnie de Navigation Paquet, venait de quitter la rade de Port-Vendres depuis quelques minutes. Il se dirigeait maintenant plein sud vers la haute mer. On pouvait deviner au loin, dans une légère brume, les villages de Cerbère et Banyuls, dont les collines étaient en train de rôtir sous le soleil du Roussillon. Au loin, on voyait déjà Gérone.
En cette belle journée du 8 juin 1950, un jeune homme d’à peine dix neuf ans faisait route vers le Maroc, en troisième classe comme tous les émigrants.
À peine sorti de l’adolescence, quittant sa Haute Vallée de l’Aude, il se lançait vers l’inconnu, dans une aventure qu’il croyait avoir choisie, mais que le destin lui avait pratiquement imposée…