Elles sont Marcelle, Françoise, Marie-Christine, Caroline. 4 prénoms, 4 marques, 4 modèles déposés. Tout cela représente une lignée, un sacerdoce, une épopée. 4 femmes, 4 bagouts (et encore plus de bagouzes), une continuité donc… De la bouteille, du culot, du goulot, de la bague et du bouchon… Les quatre, c’est de la cuvée ; les 4 niveaux d’appellation de Chablis. De la bouteille de Grand Cru, rassurante, qui se bonifie avec l’âge, qui assure, qui rassure le client, qui le rassasie… jusqu’à la petite dernière, le Petit Chablis, le plus jeune, le plus prometteur, qui s’exprime immédiatement, qui claque le palais, qui vous en met plein les narines, qui vous tourne et vous retourne comme une fleur à chaque gorgée avalée le long du comptoir. Elles ne sont que quatre. Vivement la caisse de six ! Elles te caressent le pied, te tâtonnent le ballon, te tiennent la tige du bout du doigt avec une sensualité féroce, à en boire le calice, le verre ballon, marqué, jaugé, jusqu’à la lie ! Une fois la côte du bar atteint, le zinc brille, et s’y reflète immanquablement le sourire des clients. Mais pas toujours le plus beau ! Les clients ? Parlons-en ! Qu’ils en soient remerciés, bénis. « On n’aurait pas des clients chiants, on aurait un beau métier ! », nous assurait-on déjà à une époque révolue… Comme quoi le client sait rester constant ! Mais aujourd’hui ?! Sont-ils encore des clients ?! Rien n’est sûr ! Le consommateur fait partie des meubles. Assis sur son tabouret de bar, il est le tabouret… immuable, fort, avec quelquefois la même gueule… de bois ! « Bon les gars, arrêtez de déconner, y a de vrais clients dans le bar ! » Cette litanie, c’est l’âme, la famille, la fratrie qui se désaltère au bar… debout, comme des chevaux ! Ça hennit, ça rabroue sur le café trop chaud, le trop limpide, sur la mousse trop haute, le niveau trop bas… Mais la ruade arrive, claquante, cinglante de la tenancière, de la serveuse, mais on aime ça, on y retourne, on se détourne même pour y revenir. 4 générations de zinc… c’est inoxydable ! Vive le Chablis-Bar !
Faisant des recherches sur l’histoire de mon village et de ma région depuis près de trente ans, n’étant pas du tout du métier, j’avais plusieurs dizaines d’ouvrages à faire imprimer en auto é...